14.11.06
· Toute une organisation pour servir 1.000 bénéficiaires du f’tour
· Des entreprises et des bénévoles jouent le jeu
Ils sont éclopés, mendiants, chômeurs, travailleurs ou simplement esseulés. Sur le coup de 18h, plus de mille jeûneurs se retrouvent tous les soirs de Ramadan, près de l’Ensemble artisanal, sur le boulevard de Bordeaux, à Casablanca. C’est que l’association Al Wifak leur offre gratuitement le f’tour, et ce, depuis neuf ans maintenant.
Al Wifak a été crée par des ex-membres de l’association Attoufoula Ashaâbia. Son premier objectif est l’aide à l’enfance et l’encadrement des jeunes. À six reprises, durant l’Aïd el Kébir, l’association a distribué des habits aux enfants démunis. Au total, ce sont 7200 enfants qui en ont profité. Al Wifak distribue aussi chaque année un peu plus de 200 cartables aux enfants. Des opérations de circoncision ont également été organisées à quatre reprises.
«L’opération f’tour a été lancée en 1995», explique Mustapha El Boudani, vice-président. Au départ, l’organisme accueillait une centaine de personnes pour la rupture du jeûne. «Chaque année, nous avons augmenté notre capacité d’accueil», ajoute-t-il.
Aujourd’hui, huit employés de cuisine et une quarantaine de bénévoles travaillent à l’organisation. Au total, un budget de 33 millions de dirhams y est consacré, soit plus de la moitié du budget annuel de l’association (50 millions de DH – n.d.l.r). «Ce sont des sociétés qui offrent les ingrédients comme le concentré de tomates, les œufs, les cubes de bouillon, etc. Et grâce aux cotisations des membres de l’association, nous achetons ce qui manque, par exemple le lait», poursuit Mustapha.
Pour permettre à plus de mille personnes de rompre le jeûne en même temps, il faut un véritable travail de moine. «Les employés en cuisine commencent leur journée vers 7h, puis sont ensuite relayés par une équipe d’après-midi», explique le vice-président.
Puisque chacun des invités aura droit à un deuxième bol de soupe, il faut préparer quotidiennement 700 litres de harira. «Et elle est délicieuse, je mange ici mieux que chez moi!», s’exclame Mustapha. On serait porté à le croire sur parole, car 80% de la « clientèle » revient chaque soir. «Certains possèdent même leur place!», lance-t-il en riant. Tout au long du repas, une dizaine de serveurs bénévoles s’assurent que les convives ne manquent de rien. Leur proximité permet aussi de prévenir les accrochages. « L’ambiance est généralement bonne. N’empêche qu’il y a parfois des gens qui prennent trop de beurre ou trop de soupe », admet Mustapha. Pour ce qui est de la sécurité des lieux, un camion de sapeurs-pompiers se gare chaque soir devant l’entrée du site. Il y demeure jusqu’à ce que les gens quittent, vers 19h. Le travail d’Al Wifak débute cependant bien avant la première journée de jeûne. « Aussitôt que les autorités nous le permettent, soit généralement un mois avant le début de Ramadan, nous commençons à préparer le site », indique Mustapha. Car, il faut bien le dire, l’endroit sert normalement de repère aux sans-abri.Il faut nettoyer les caniveaux, décortiquer les palmiers, installer les bâches et l’électricité. Bref, la tâche est colossale. Mais, pour Mustapha, il serait impensable de passer le mois de Ramadan sans cette opération. «Je prends mes vacances pendant le mois sacré depuis neuf ans afin d’organiser le f’tour. C’est une véritable drogue!».
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Côté hommes
«Dans un café, on débourse 20 dirhams en moyenne pour le f’tour. Ici, en plus d’être gratuit, c’est d’excellente qualité», explique un artisan. «Pour moi, c’est carrément du cinq-étoiles. Parfois, ma famille m’invite. Mais je préfère venir ici, car la nourriture est meilleure», assure un autre homme. Car, il faut bien l’avouer, seule la moitié des bénéficiaires est réellement démunie. L’autre moitié est constituée essentiellement de petits travailleurs qui pourraient très bien subvenir à leurs besoins : maçons, chauffeurs, etc. Ils travaillent généralement dans les parages et profitent du repas gratuit. Une réalité qui ne dérange pas le moins du monde les organisateurs. Leur leitmotiv ? le Coran qui incite les fidèles à offrir le repas aux jeûneurs, qu’ils en aient les moyens ou pas.
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Côté femmes
«Dieu vous bénisse!», s’exclame une des bénéficiaires, avant d’exprimer sa joie par des youyous. Car, à l’inverse des hommes, les femmes présentes vivent toutes une situation de précarité. La plupart mendient et n’ont pas de chez-soi. Pour les rares chanceuses qui ont trouvé refuge chez leurs proches, c’est souvent préférable de rompre le jeûne loin du tumulte de la famille d’accueil. Il faut toutefois se méfier, car, aux dires des organisateurs et même de certaines femmes, il y a parmi elles des « profiteuses ». Des opportunistes qui viennent dans l’espoir de se voir offrir des dons. En effet, chaque fin de Ramadan, l’association remet le surplus de nourriture aux femmes. Sacs de farine, sucre, thé, etc. La date de la remise des dons est maintenue secrète pour ne pas provoquer le jour venu. «Nous nous retrouvons parfois avec 300 femmes au lieu de la centaine habituelle. Malgré toutes nos précautions, elles alertent leurs amis par téléphone portable», s’indigne Mustapha.
Zakaria CHOUKRALLAH
et Marie-Hélène GIGUÈRE
Un institut pour crédibiliser le métier d’herboriste
(L'Economiste du 9/10/2006)
· A Taounate sur un terrain de plus de 30 hectares
· La structure accompagne des porteurs de projets
LE secteur des plantes aromatiques et médicinales (PAM) connaît un vide juridique au Maroc. Les herboristes, petits et grands, sont dans l’illégalité totale. «Il n’y a aucune réglementation qui régit l’activité. A l’heure actuelle, il n’y a pas de différence entre un vendeur d’herbe qui officie à côté des mosquées et un herboriste qui dispose d’un magasin et d’une exploitation agricole», s’insurge Aboubakr el Asri, coordinateur de la filière des plantes aromatiques et médicinales (PAM) au sein de l’Agence américaine pour le développement (USAID).
Pour trouver une solution à ce problème, il est nécessaire de crédibiliser le métier d’herboriste. Cela passe nécessairement par la formation. C’est dans ce dessein, et celui plus général de promouvoir et valoriser le secteur des PAM au Maroc, qu’a été créé l’Institut national des plantes médicinales et aromatiques (INPMA) en 2002. L’INPMA se situe à Taounate, dans une zone traditionnellement riche en plantes médicinales. Il est financé par le ministère de l’Education nationale en partenariat avec le Conseil provincial de la région. Son budget est de 54,2 millions de dirhams. L’institut ne fait pas de formation initiale. Il s’agit principalement de former les herboristes déjà en exercice. La formation diplomate ne démarrera qu’en 2007. Elle s’étalera sur une durée de 2 ans et concerne plusieurs métiers: l’herboristerie, mais aussi la cosmétologie, la parfumerie, la phytothérapie, etc. Les frais d’études varient suivant la filière, d’après Mohammed Hmamouchi, directeur, ils seront compris entre 5.000 et 15.000 dirhams. Les professionnels déjà en exercice et les personnes ayant reçu une formation de biologie où d’agronomie pourront bénéficier de cette formation unique au Maroc. Des séminaires, des conférences et des rencontres vont régulièrement réunir tous les intervenants: herboristes, chercheurs, industriels, etc. Les cycles d’études sont d’ores et déjà entamés, il y a quelques jours, un premier séminaire réunissant des herboristes a eu lieu (1).
L’INPMA se donne aussi pour mission d’accompagner les jeunes investisseurs dans ce secteur durant toute la phase de création de leur projet. Ils seront hébergés à l’institut qui mettra à leur disposition un bureau et le matériel nécessaire. Une équipe se charge de faire une étude de faisabilité, le montage financier et la préparation du dossier pour la création de la PME-PMI. La possibilité de crédit est ouverte, grâce notamment à un partenariat avec le Crédit Agricole.
Pour remplir ses objectifs, l’Inpma s’est doté de partenaires nationaux et internationaux. L’Usaid, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), etc. En plus de partenariats avec la France, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, la Hollande, Chypre, l’Egypte, l’Algérie et la Tunisie.
Les partenaires nationaux sont les banques (Crédit Agricole), des associations et les institutions publiques (Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, Institut agronomique et vétérinaire, Ecole forestière, etc.). Il faut noter que l’un des objectifs de l’INPMA est de coordonner l’activité des différents intervenants dans le secteur. Un audit effectué par l’UE en 2004 à la demande du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche relève que les institutions marocaines travaillent sans aucune coordination. «Plusieurs institutions travaillent sur les mêmes thématiques sans aucune concertation, même à l’intérieur d’une institution», dixit le rapport. Pour remplir toutes ces missions, l’institut a les moyens de ses ambitions: une ferme de 25 hectares, dont quatre sont réservés à une pépinière, et un jardin expérimental de sept hectares. Les zones construites s’étalent sur 3.500 m2 et comprennent des logements pour les stagiaires, un hall technologique qui sert à la transformation du produit cultivé et une droguerie. Vingt-huit personnes travaillent à l’INPMA, dont vingt permanents. L’équipe est constituée d’ingénieurs, d’économistes, de juristes et d’ouvriers.
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Séminaires les trois prochains mois
L’INPMA organise avec ses partenaires français et espagnols trois séminaires. Ces journées d’étude s’adressent aux industriels, aux agriculteurs, aux associations professionnelles et aux décideurs dans le secteur des plantes aromatiques et médicinales (PAM).
Le premier séminaire se déroule du 2 au 6 octobre 2006 et porte sur les techniques et stratégies de vulgarisation des PAM. Les 16 et 17 novembre, un deuxième séminaire placé cette fois-ci sous le thème «Culture et qualité des plantes aromatiques et médicinales» sera organisé. En dernier lieu, les 14 et 15 décembre à Rabat, les professionnels discuteront de l’élaboration de la stratégie nationale de la filière des PAM.
Zakaria CHOUKRALLAH
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(1) Le 28 septembre 2006, les herboristes ont profité d’une formation en partenariat avec le Crédit Agricole et le projet Ap3 de l’Usaid sur le thème de «la communication dans le secteur des PAM».
Un potentiel sous-exploité
(l'Economiste du 10/10/2006)
· 891 millions de DH en exportation·
Le retard technologique pénalise la filière
6.10.06
(L'Economiste du 5/10/2006)
· Aux «objets trouvés», documents, sacs et même téléphones portables
· L’idéal: Equiper le bureau d’un téléphone
Les «objets trouvés» ailleurs.
LE service des objets trouvés de Paris fait preuve d’une organisation sans faille. Chaque jour, 600 à 700 articles arrivent dans ce service. Ils proviennent des taxis, des trains, des particuliers, des commissariats, des musées, des grands magasins, etc. En moyenne, 150 objets sont restitués à leurs propriétaires. Mieux, dans le cas où un particulier ramène l’article, il dispose du «droit de l’inventeur». C’est-à-dire qu’il peut reprendre l’objet si au bout d’un délai déterminé personne ne le réclame. Un centre d’appel est mis à la disposition des citoyens. Ils peuvent appeler si l’objet perdu porte leur nom ou adresse. L’opératrice vérifie dans les bases de données s’il se trouve en stock. Si l’objet ne porte pas les coordonnées de son propriétaire, il suffit d’envoyer par courrier une déclaration de perte dont le modèle est disponible sur le site web www.prefecture-police-paris.interieur.gouv.fr
Expo «Sciences au Sud»
· Sensibiliser sur les questions que pose à la science le développement
«On ne peut laisser les économistes seuls aux commandes»
Entretien avec Christian Lévêque, directeur de recherches à l’IRD Paris
· C’est avant tout une question de comportement
Invité par l’Institut français de Rabat et la représentation de l’IRD (Institut de recherche et de développement) au Maroc, Christian Lévêque, directeur de recherches à l’IRD de Paris et auteur de plusieurs ouvrages sur le développement durable, a animé une conférence sur le thème: «Environnement et développement: problématiques et enjeux» à l’IFR, mardi 19 septembre. Il explique les enjeux du développement durable.
· L’Economiste: Le développement durable est un concept fuyant. Pourquoi?
- Christian Lévêque: Le concept de développement durable est un mot-valise. La représentation du développement durable par un paysan, par exemple, n’est pas la même que par un citoyen des villes ou un industriel. Je pense que le consensus autour de ce concept découle de préoccupations communes sur l’avenir de la population et de son bien-être, sa santé et son alimentation. C’est l’inquiétude qui se généralise à l’heure actuelle par rapport à un certain nombre de problèmes de la vie économique et de l’environnement. Je prends pour exemple le réchauffement climatique, l’effet de serre, les questions de désertification, les problèmes d’accès à l’eau, etc. Tout le monde se retrouve derrière cette idée qu’il est nécessaire de mieux utiliser nos ressources, de mieux gérer nos déchets.
· Peut-on parler d’une crise de certitudes des sciences physiques au profit des sciences sociales?
- On a toujours tendance à privilégier les sciences physiques. Parce que ce sont elles qui nous disent qu’il y a tant de ressources, qu’on peut faire telle chose. Je pense que le problème du développement durable doit être plus investi par les sciences sociales. C’est une question d’éducation et de sensibilisation du public. Une prise de conscience qu’il est nécessaire de modifier notre comportement. Très clairement, on ne peut pas laisser les seuls économistes aux commandes du développement durable.
· Vous insistez dans vos travaux sur la notion d’a-croissance. Qu’est-ce que cela signifie?
- Pour beaucoup, la croissance signifie l’augmentation du PIB et donc de la masse monétaire. On y voit une amélioration du niveau de vie, des possibilités d’acheter plus de produits manufacturés, etc. On y voit rarement cet aspect lié à une meilleure qualité de vie: une meilleure éducation, un meilleur accès à la santé, etc. Les Nations unies ont mis en avant que le développement durable, c’est avant tout la lutte contre la pauvreté. Les gens qui sont pauvres ne peuvent pas porter la même attention à leur environnement que les gens qui sont relativement à l’aise.
· Comment concilier les impératifs de développement infinis et les ressources finies?
- Je crois que l’on peut réduire la consommation de quelques ressources, utiliser des technologies plus propres, réduire les déchets. A l’heure actuelle, on consomme beaucoup trop. Il y a des gisements énormes d’économie à faire en termes de consommation et de gestion des déchets. Il est clair que l’on peut réduire notre train de vie sans trop de difficulté, je dirais de 30 à 50%.
· Prenons l’exemple du Maroc. Est-ce que la marge de manœuvre en matière de développement durable n’y est pas limitée?
- Je crois que tous les citoyens, marocains ou français, ont une marge de manœuvre étroite. On est tous limités par une économie où les décisions sont prises à un niveau international. Mais nous pouvons toujours avoir un impact sur les décisions prises par nos pays. J’insiste sur le fait que l’idée de développement durable est un projet de société. Ce n’est pas seulement de la technologie, c’est avant tout une question de comportement des citoyens: la manière avec laquelle on consomme, comment on voit le développement.
· Quelles idées pourrait-on appliquer au Maroc?
- Je crois que l’une des grandes leçons du développement durable, c’est qu’il ne faut pas attendre que tout vienne de l’Etat. Les gens doivent aussi se prendre en main. Il existe en Europe des associations qu’on appelle les «Agendas 21 locaux» (ndlr: il s’agit d’un programme de lutte contre la pauvreté et de protection de l’environnement adopté par la déclaration de Rio). Ces associations réunissent industriels, agriculteurs, simples citoyens, etc. Ils discutent en commun de l’avenir, de ce qu’on va faire par exemple dans la ville: gestion de l’eau, organisation des espaces verts, gardiennage des enfants, etc. Ce sont des choses aussi diverses que cela. Je pense que de telles associations peuvent tout aussi bien exister au Maroc.
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Bio expresse
CHRISTIAN Lévêque est directeur de recherches et délégué de l’environnement de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Océanographe de formation, il s’est intéressé à l’impact des activités humaines sur la biodiversité des fleuves et des lacs. Depuis la conférence de Rio en 1992, Il suit l’évolution des recherches sur le développement durable. Il est auteur et coauteur de nombreux livres. La conférence qu’il a animée à Rabat s’est appuyée sur son dernier ouvrage, «Développement durable. Avenirs incertains» (Dunod-IRD), qu’il a coécrit avec le journaliste scientifique Y. Sciama.
Propos recueillis par
Zakaria CHOUKRALLAH
26.9.06
(L'Economiste du 21/09/2006)
· Les rames à deux étages présentées pour la première fois
· Une commande de 2 milliards de DH
Ils se sont fait attendre, les nouveaux trains qui arrivent d’Italie. Initialement prévue en juin 2006, la première livraison ne s’est faite qu’en août. L’arrivée de la deuxième rame est prévue en octobre et le reste devra suivre à la cadence de deux rames par mois.
A terme, c’est vingt-quatre rames qui seront livrées. Elles auront coûté 2 milliards de dirhams et constituent une augmentation de la flotte de l’ordre de 35%, selon Rabie Khlie, DG de l’office. La mise en circulation aura lieu à partir de décembre, et concernera d’abord l’axe Casa-Rabat. Ce sera ensuite le tour de la ligne Casa-Fès.
Calqués sur des modèles déjà en circulation en Italie, ces trains offrent un confort semblable à ce qu’on pourrait trouver en Europe, selon les dires d’un responsable de l’ONCF.
Pour le visiteur, la première chose qui frappe est la meilleure gestion de l’espace. Exit les couloirs exigus de l’ancien modèle, et place à un intérieur mieux géré, malgré la présence de deux étages superposés, à la manière des bus londoniens. Une idée pas si saugrenue, car cela permet de transporter plus de passagers sans devoir augmenter la longueur des trains.
Sentiment de liberté aussi à côté des portes coulissantes plus grandes, ce qui évite les bousculades.
Autre nouveauté, l’accès facilité aux personnes en chaise roulante. En attendant que d’autres modes de transport public suivent. A la demande du contrôleur, une plaque coulissante est déployée pour leur faciliter l’accès au train.
«Les premières classes se trouvent en tête du train», ce sera toujours le cas pour ces nouvelles rames. Au nombre de cinquante, les sièges des premières classes ressemblent à ceux des avions. Réglables et dotés d’un coussin repose-tête, ils sont assez espacés et munis d’accoudoirs. Le deuxième étage offre «une vue panoramique» sur la route. Une buvette sépare les premières classes des deuxièmes. On y sert des boissons fraîches et chaudes ainsi que des sandwichs. La buvette occupe presque un demi-wagon. Fini donc les chariots encombrants des modèles actuels. Mais quid des employés qui poussent ces chariots? L’ONCF sous-traitant cette opération à une entreprise privée, on ne fera plus appel à eux, forcément.
Naturellement, les sièges des deuxièmes classes sont moins confortables que ceux des premières. Mais restent de meilleure qualité que ceux des anciens modèles. Assez larges et dotés d’un repose-tête en matière synthétique lavable, le tissu des sièges est plus agréable et reposant.
Si on reproche aux modèles actuels de trains leur saleté, notamment au niveau des sanitaires, les nouveaux modèles sont plus propres. Les toilettes ne donnent plus sur la voie. Il était temps d’en finir avec les odeurs nauséabondes et les rejets qui polluent les rails. Les nouvelles toilettes sont, à l’image de ce que l’on trouve dans les avions, munies d’un réservoir pour les déchets. La couleur blanche de ces toilettes tranche avec le gris orange des anciens modèles. Une couleur certes plus agréable mais aussi plus salissante.
Autre point noir qui va disparaître: les annonces sonores parfois inaudibles dans les trains. Selon les responsables de l’ONCF, ce problème sera réglé grâce à des messages digitalisés de grande qualité. De plus, l’affichage à l’intérieur des trains fait son entrée.
L’ONCF garantit que les trains seront plus sûrs. La conduite sera assurée par deux personnes au lieu d’une seule. Ils travailleront de surcroît sur un tableau de bord plus ergonomique. Les boutons sont disposés de manière à répondre promptement aux urgences. Mieux, la présence d’écrans graphiques facilite la tâche aux conducteurs. «Quand un voyageur tire la sonnette d’alarme par exemple, on saura facilement d’où elle a été actionnée. Sur les anciens modèles, il faut se déplacer, ce qui occasionne des retards», assure un employé de l’ONCF. Quid des retards justement? Si le directeur de l’ONCF assure que neuf trains sur dix arrivent à l’heure, beaucoup de voyageurs continuent de se plaindre. Ces retards, selon Hyatt Boudhane, chargée de communication à l’ONCF, peuvent être provoqués par de nombreuses choses: des actes malveillants, jets de pierres sur les trains par exemple, par des voyageurs qui actionnent l’alarme sans raison valable, par des pannes électriques, etc. Les nouveaux trains évitent au moins un écueil: ils sont pourvus de deux moteurs. L’analogie avec les réacteurs des avions n’est pas loin. A l’instar des avions, si un moteur tombe en panne, l’autre prend le relais. Plus besoin d’attendre qu’il soit réparé.
Ces trains offriront donc de nombreux services supplémentaires. Maintenant le confort a un coût. Reste à savoir si le client va en supporter une partie sur le prix du billet. Aucune information n’a filtré pour l’instant, les responsables restent évasifs sur ce sujet.
Satisfaits… Ou satisfaits!
EN marge de la visite des nouvelles rames, l’ONCF a présenté les résultats de l’enquête de satisfaction du premier semestre 2006. Tenez vous bien: 72%, des usagers sont globalement satisfaits des services de l’ONCF. Soit 2% de plus qu’en 2005. Il faut nuancer cependant. C’est essentiellement le personnel commercial à bord (89% de satisfaits), la propreté et le sentiment de sécurité dans les gares, respectivement 76% et 79%, qui tirent ces chiffres vers le haut. Des «points perfectibles», selon l’aveu même de l’ONCF, attendent toujours. Par exemple, la restauration, la sur-occupation en période d’affluence, la propreté, le confort dans les trains (tous deux enregistrant 44% d’insatisfaits) et le nombre de départs de trains jugé insuffisant par 41% des voyageurs sont les principaux points noirs à corriger, selon cette enquête.
Zakaria CHOUKRALLAH
Bientôt, le Haj à 25.000 dirhams
(Article publié dans l'Economiste du 18/09/2006)
· Les agences de voyages s’alignent sur les prix des Habous
· 100.000 personnes se sont portées candidates au Haj cette année
La polémique autour du quota du Haj est loin de se calmer. Les 32.000 places octroyées par l’Arabie saoudite sont loin de répondre à la demande. Selon Fouzi Zemrani, président de la Fédération nationale des agences de voyages marocaines (FNAVM), depuis quatre ans maintenant, les candidats au pèlerinage affluent. En 2006, près de 100.000 personnes se sont portées candidates au pèlerinage. Si on en croit Fouzi Zemrani, ce serait dû à l’augmentation du pouvoir d’achat, à l’amélioration des conditions du pèlerinage et au déroulement du Haj en hiver. Cette année, plus de 60.000 personnes ont tenté leur chance auprès des Habous. Toutes les demandes ne peuvent bien sûr pas être satisfaite, l’administration procédant même à un tirage au sort pour octroyer les places ! Reste les agences de voyages qui vendent un service plus cher aux alentours de 35.000 DH. Même si il est enrichi de prestations supplémentaires, ce prix reste élevé et pourrait être dû aux marges atteignant 15.000 dirhams sur un voyage selon l’estimation de professionnels. Un chiffre que balaye d’un seul geste le président de la FNAVM. D’après lui, «avec une telle marge, les packages devraient être à 90.000 DH par personne! pour ce prix, nous devons faire voyager nos pèlerins en classe affaire, et les loger en cinq étoiles». Ce qui serait en cause, c’est plutôt les quotas de négociation pour 50 à 100 pèlerins qui se répercutent sur le prix d’achat, toujours selon la même source.
Marges élevées ou pas, il n’en demeure pas moins que le futur pèlerin doit débourser en moyenne 10.000 dirhams de plus pour aller à La Mecque par l’intermédiaire des agences. C’est pour régler ce problème que des négociations entre le ministère du Tourisme et les agences sont en cours pour commercialiser un produit économique. Les prix ont été étudiés à partir de ceux proposés par le ministère des Habous (23.000 DH) et l’offre enrichie de prestations supplémentaires. Ils seront vendus à environ 25.000 dirhams. Les négociations portent aussi sur les quotas. Selon une source autorisée au ministère du Tourisme, la base des négociations sur l’offre économique est de 5.000 places.
Rappelons qu’une garantie financière professionnelle a été mise en place à l’initiative de la FNAVM. S’étalant sur trois ans, ce fonds servira à assurer le voyage du client en cas de dépôt de bilan de l’agence. Une association professionnelle de solidarité (APS) regroupera toutes les agences qui participent au fonds de garantie. Une antenne de la FNAVM sera ouverte dans les lieux saints pour recevoir les agences nationales.
Encadré
Le marché du Haj est partagé entre le ministère des Habous et les agences de voyages. La part du lion revient à l’administration de tutelle qui a distribué 22.800 places cette année. Les agences n’ont eu droit qu’à 9.520 places. D’après le président de la FNAVM, «les Habous rendent un service à prix coûtant (ndlr: à un prix plafonné à 23 000 dirhams) et subventionnent même certaines prestations». Ils sont donc très appréciés par les candidats au pèlerinage.
Z. C.
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"Les pèlerins seront plus sécurisés"
Entretien avec Fouzi Zemrani, président de la FNAVM
· L’Economiste: Quelles prestations offrira ce nouveau package Haj aux clients?
- Fouzi Zemrani: Nous avons fait une étude pour proposer un produit économique, en partant du produit proposé aujourd’hui par les Habous, et comprenant le transport aérien, les transferts terrestres et l’hébergement à Médine et Mekka. Nous voudrions y ajouter une touche agence de voyages en y incluant des prestations supplémentaires.
Le transport durant les jours des Machaïr se fera par exemple en un seul temps au lieu de deux voyages, ce qui est plus sécurisant pour les pèlerins. Nous proposons aussi la pension complète à Minan et Arafat, où depuis l’incendie de 1997, il est strictement interdit aux pèlerins de cuisiner.
Pour l’hébergement, nous proposons des résidences meublées, avec des appartements de trois à cinq chambres, avec cuisine et salles de bains, dans un rayon de 1.000 m du Haram à Mekka, et 200 m du Haram à Médine. Les pèlerins seront logés selon leurs affinités, par chambre de quatre personnes au maximum.
Nous metterons à la disposition des clients deux assistants pour cinquante pèlerins, plus un guide religieux pour cent pèlerins. Les encadrants religieux seront issus du ministère des Affaires islamiques avec des recommandations harmonisées. Les cours religieux, pour préparer le Haj, seront dispensés à partir de septembre et durant le mois de décembre (Dou Alhija).
· Comment avez-vous pu négocier ces prix?
- Pour obtenir des prix, nous avons proposé qu’une commission nationale négocie pour 5.000 pèlerins (ndlr: au lieu de négociations pour 50 à 100 pèlerins, qui se traduisent par un prix d’achat élevé). Le coût de ces prestations supplémentaires est estimé à 1.750 DH, en plus du prix actuel proposé par les Habous. A cela, nous rajoutons une marge brute de 2.000 DH.
· Quel est l’enjeu du fonds commun de garantie?
- C’est une garantie professionnelle et solidaire. Toutes les agences de voyages participantes à l’opération Haj mettent dans un séquestre, durant trois années consécutives, une somme d’argent déterminée (ndlr: 200 DH par pèlerin). Cette somme servira à prendre le relais, en cas de défaillance totale d’une agence. En clair, si une agence dépose le bilan, ses pèlerins, ayant dûment payés leurs prestations, seront totalement pris en charge, avec un service de qualité. Il n’y aura pas de remboursement, mais une prise en charge assurant le transport, l’hébergement et la restauration, conformément au cahier des charges.
Les sommes versées par les agences restent leur propriété tant qu’elles participent à cette opération. Elles peuvent récupérer leur argent dès qu’elles décident de ne plus participer ou qu’elles ne sont plus attributaires du quota, ou qu’elles sont jugées à risque pour les autres. Les agences deviennent donc crédibles et solvables.
La mise en œuvre de ce séquestre ne sera pas déclenchée en cas de mauvaises prestations ou de non-respect du contrat, pour cela, chaque agence est responsable individuellement.
Propos recueillis par
Zakaria CHOUKRALLAH
14.5.06
Le dessin animé japonais expliqué par un de ses maîtres
(Article qui me tenait à coeur et dont L'Economiste ne voulait pas)
- le cofondateur de la seule structure capable de concurrencer Disney explique le succès du Manga
- Etudiants en art et professionnels étaient là pour comprendre l’engouement suscité par la bédé japonaise">
Meknès, «la Ouarzazate du cinéma d’animation » comme l’appelle un invité du FICAM (Festival Internationale du Cinéma d’animation de Meknès), consacre son édition 2006 au cinéma d’animation japonais, où tout simplement « animé » comme disent les puristes. Cette année, un invité de marque : le réalisateur Isao Takahata des studios Ghibli, seule structure au monde qui peut se targuer de concurrencer Disney. Takahata a tenu une conférence le Samedi 6 mai où il a expliqué les raisons historiques de la « déferlante Manga » (bédé japonaise).
Quand le maître commence son exposé, la salle remplie aux trois quarts observe un silence religieux. Etudiants en art et professionnels de l’animation sont là pour comprendre l’engouement que suscitent la bédé et les dessins animés nippons. Isao Takahata, qui parle en japonais, est traduit par Ilan Nguyên, un traducteur et un fin connaisseur du sujet. « C’est après la seconde guerre mondiale que la production de bande dessinée explose », lance d’emblée Takahata. Le premier long métrage animé s’appelle « le serpent blanc », précise le réalisateur. Ce film est l’équivalent au Japon de « Blanche Neige ».
Au commencement étaient… des rouleaux
La production japonaise dans le domaine de la bédé et de l’animé est conséquente, elle est sans égal avec ce que l’on retrouve à l’étranger y compris au Maroc, assure le réalisateur. Ses thèmes sont très diversifiés ce qui explique qu’elle ne s’adresse pas uniquement aux enfants : « cela va de la bande dessiné expliquant la ‘théorie du capitale’ à de simples récits sur la vie de bureau », ajoute Takahata. Selon lui, le dessin a toujours fait partie de la culture nipponne. Les premiers récits imagés remontent au 12è siècle. A l’époque, les japonais se servaient de rouleaux de papier sur lesquels ils dessinaient. Le procédé est très cinématographique : au fur et à mesure que le rouleau s’étale, les dessins décomposent l’action à la manière d’un film photo. Sauf que le dessin une fois déroulé forme une vue d’ensemble. L’assistance a pu voir projeté un rouleau où des animaux anthropomorphes se livrent à des jeux de combat, mais aussi un rouleau qui montre un village tétanisé par la vue d’un énorme bol en or surgi de nulle part et qui transporte leur entrepôt de riz. Le trait simple, la coloration rapide et la grande liberté prise avec la réalité préfiguraient déjà le « manga » (littéralement dessin grotesque).
Un petit nez et de gros yeux !
La bédé nipponne doit aussi beaucoup à des artistes comme Hiroshige dont la manière singulière de dessiner la pluie a inspiré Vincent VanGogh, et dont les choix de perspective ont influencé Giotto. Au 18è siècle, les artistes japonais commencent à représenter les visages en très gros plan, cette technique est largement utilisée dans les mangas et s’appelle le « close up ». « Si vous faites attention, vous remarquerez que dans les mangas, on représente souvent les personnage de face avec un petit nez », explique le réalisateur en tenant l’affiche du festival sur laquelle il y a un dessin japonais. « Par contre, en occident on représente les personnages de face en accordant beaucoup d’importance au nez. Au Maroc aussi : cet organe joue un rôle important dans la représentation que vous avez du visage », poursuit Takahata. A ceux qui se demandent pourquoi les yeux des personnages de dessins animés japonais ont des yeux énormes alors que les japonais ont les yeux bridés, le réalisateur répond qu’en l’absence du nez, les yeux deviennent l’élément principal pour transmettre les sentiments des personnages. Ce soir là, Isao Takahata a transmis à tous ceux présents dans la salle le sentiment que les organisateurs ne se sont pas trompés en consacrant l’édition 2006 du FICAM au cinéma d’animation japonais, véritable raz-de-marée au Maroc et ailleurs.
Zakaria Choukrallah
14.4.06
(Article publié dans TelQuel n°220)
Carence flagrante en documents et pagaille ambiante : c'est le triste lot de la Bibliothèque nationale, qui attend son déménagement dans des locaux plus adaptés. Reportage.
Quelque 350 000 ouvrages, 200 000 périodiques, en plus des manuscrits et des livres rares… Si la Bibliothèque nationale n'ose concurrencer les plus grandes bibliothèques, elle a au départ un nombre honorable de documents. Pourtant il y a un hic : en chercher un équivaut à chercher une épingle dans une meule de foin. Nombre limité d'ouvrages, des livres la plupart du temps, déclassés, un fichier informatique pas très précis… Malgré tout, la bibliothèque ne désemplit pas, une vingtaine de visiteurs sont attablés dans chaque salle. Dans la masse des usagers, un visage atypique, Kjartan, un étudiant danois qui prépare sa thèse au Maroc. Il vient souvent à la Bibliothèque nationale, mais pas pour chercher des livres : “Je viens pour l'ambiance studieuse qui m'aide à travailler sur mon ordinateur. Quand je veux un document, je vais plutôt au centre Jacques Berque”, nous confie-t-il. De son côté, le directeur, Driss Khrouz, conscient du manque à combler, nous assure : “En 2006, nous avons renouvelé l'abonnement aux revues, suspendu depuis les années 80 et nous nous sommes abonnés aux revues électroniques. Pour les livres spécialisés, nous ne pouvons pas tout avoir. C'est le rôle des bibliothèques universitaires. Nous avons toutefois commandé les références les plus importantes”. En attendant, chaque visiteur a son urgence. Anass prépare un doctorat en droit privé. Il estime qu'il n'y a pas assez d'ouvrages spécialisés. “Beaucoup de livres sont disponibles en librairie mais pas ici. C'est gênant, surtout lorsqu'il s'agit de livres de référence”. Bouchra prépare sa thèse. “Je me déplace à plusieurs reprises à Casa à la fondation Al Saoud pour chercher des documents. Ici, il n'y a que des ouvrages anciens”. Mustapha Kadiri, administrateur, explique : “On remplit le rôle des salles de lecture des facultés. Les étudiants viennent ici car ils n'ont nulle part ailleurs où travailler”.
8.4.06
(Article pour le compte du FNUAP(c) )
« Il existe deux sortes d’accueil : l’accueil chaleureux et l’accueil… malheureux. Nous, nous préférons le premier ». C’est Abderrahman Qrich, animateur à l’espace santé des jeunes de Marrakech qui s’exprime ainsi. La réalité est pour une fois conforme aux promesses. L’Espace Santé des Jeunes, ESJ pour les intimes, est un endroit convivial, doté d’ordinateurs connectés à Internet, d’une salle de consultation équipée et d’une salle pour écouter les problèmes des jeunes. Il ressemble plus à un mini centre culturel qu’à un centre de santé. Quand on y entre, on trouve un petit comptoir d’accueil, et une salle d’attente dans laquelle on a installé une télévision, un lecteur DVD et une chaîne Hi-Fi. Juste à côté, le centre névralgique de l’ESJ, la salle polyvalente dans laquelle un comité constitué de jeunes particulièrement motivés se réunissent deux fois par semaine pour organiser des activités. Farés est l’un d’entre eux, il dit avoir connu l’espace santé par hasard. «Je passais par le quartier et j’ai découvert par hasard l’existence du centre. M. Abderrahman m’avait gentiment accueillit, je lui ai posé une question toute bête “Espace santé des jeunes, c’est quoi“ Il m’a alors présenté au docteur Zahir qui m’a expliqué que l’espace santé des jeunes n’est pas un dispensaire, mais un endroit ou on peut parler de nos problèmes en toute intimité, s’informer et consulter gratuitement. Depuis ce jour, il m’arrive de venir au centre sans raisons particulières ». Le comité de bénévoles dans lequel travaille Farés à de grandes ambitions : créer un site web et élaborer des affiches sur l’activité de l’ESJ, mettre en place une caravane itinérante pour pallier l’inexistence d’autres espaces santé à Marrakech… La salle polyvalente est aussi équipée d’ordinateurs branchés sur Internet. Les jeunes peuvent utiliser les PC sans restrictions. « Seule condition, que ce soit uniquement pour des recherches dans le domaine de la santé » explique le Dr. Zahir. Lamia est lycéenne, elle utilise chaque fois qu’elle en a besoin l’ordinateur de l’espace santé «Je cherche des informations sur le Sida pour un exposé, je viens à l’espace santé pour faire des recherches sur Internet». Lamia a connu l’ESJ grâce à une de ses amies, elle est satisfaite des services du centre. « C’est différent de l’hôpital, ici on nous laisse tranquilles, on ne nous dit pas qui êtes vous ou que venez-vous faire ici. On se sent libres. En plus, le personnel est souriant».A l’espace santé, on a aussi aménagé une salle pour l’écoute des jeunes en difficulté. Le Dr Zahir avoue que la plupart des jeunes viennent pour cela. «Un jour, on a reçu la visite d’un adolescent de 13 ans atteint d’un rhumatisme articulaire aigu (RAA). Malgré son état grave, il refusait de prendre ses médicaments. Pour pouvoir lui administrer son injection d’extanciline, il a fallut que six personnes le maîtrisent. On a fait avec lui plusieurs séances d’écoute, et maintenant, il vient seul, tout les vingt jours, pour faire son injection». Sur ce qui les motivent pour faire ce travail, l’équipe est unanime, «Nous considérons les jeunes qui nous visitent comme nos propres enfants».
Z.C.