Ceux qui feront 2030
(Simple synthèse d'une enquête L'Economiste/Sunergia)
Les jeunes, qui sont-ils, comment vivent-ils, que pensent-ils. Réponse dans cette synthèse de la série d’articles publiés dans L'Economiste à la suite d'une enquête sur le terrain effectuée par le cabinet Sunergia. Bonne lecture
Le quotidien L’Economiste a mené une enquête de grande envergure conduite par le cabinet d’études Sunergia en l’automne 2005. Elle a concerné un échantillon de jeune de 16 à 29 ans : 390 garçons et 386 filles. La méthode utilisée est celle des quotas : un échantillon représentatif des jeunes marocains sur la base du dernier recensement du Haut Commissariat au plan.La répartition géographique, les CSP (catégories socioprofessionnelles), le sexe, l’age et la zone d’habitation ont été pris en compte.L’enquête confirme une grande partie des à priori sur les jeunes, mais elles apporte des indices chiffrés et crédibles.Sexe : hypocrisie et je-m’en-foutisme(C.F. L’Economiste du 18 Janvier 2006)67% des garçons affirment avoir déjà eu des expériences sexuelles tandis que 66% des filles jurent le contraire. Conclusion de l’Economiste : les filles se cachent et les garçons se vantent. Plus loin on découvre qu’un tiers des garçons affirme avoir eu sa première relation sexuelle avec sa copine, mais un autre tiers dit l’avoir eu avec une… prostituée. Les choses paraissent plus claires. Notons que seuls 24% des filles disent avoir couché avec leurs copains.L’hypocrisie et le manque d’expérience sexuelle se traduit par des comportements à risque, la non utilisation des moyens de contraception (seulement 36% des filles y ont recours). Aucun jeune ne cite le danger d’attraper une maladie sexuelle, pis encore certains croient que le cancer est une MST ! Un homme sur trois se soucie d’éviter une grossesse et une femme sur trois s’inquiète d’attraper une MST. Le risque de laisser-aller s’accroît en compagne et dans les classes sociales les plus défavorisées. AlarmantAmour : « real lovers »(C.F. L’Economiste du Mercredi 18 Janvier 2006)54% de garçons ont une copine/45% des filles ont un copain. 64% des filles contre 50% des garçons pensent qu’il est compliqué de vivre une relation amoureuse. Plus on est pauvre plus on a tendance à le croire. Pour les filles, le principal obstacle, c’est les parents et l’entourage familiale, suivi des qu’on dira t’on (23%) puis des coutumes et traditions (23% aussi). Autre son de cloche chez les garçons ou c’est surtout le manque d’argent le principal obstacle (40%), suivi de l’entourage et de la famille .Dans le même ordre d’idées, 34% des garçons pensent que réussir équivaut à avoir beaucoup d’argent (26% des filles). La proportion est plus importante chez les 25-29 ans (1 jeune sur 4). Le taux de réponse sur les risques de contracter une MST, d’avoir une grossesse ou la perte de la virginité est marginal (cette dernière donne a été analysée par l’hebdomadaire TelQuel comme une révolution dans les mœurs). Détail notable : les jeunes ne pensent pas que la religion soit une entrave à leur émois)Argent : Matérialistes mais « mardiyiines »(C.F. L’Economiste du 20 Janvier 2006)92% des garçons et 88% des filles affirment vivre avec leurs parents et prennent au moins un repas à la maison parentale. Seulement 29% des 25-29 ans sont indépendants. Ces chiffres sont proches quelle que soit la CSP, au rural comme à l’urbain.56% des jeunes de 16 à 29 ans sont dépendants financièrement de leurs parents. Le taux est plus élevé chez les filles (65%) que chez les garçons (46%). Plus grave, seul 29% des 25-29 ans se disent indépendants.Chose surprenante : 59% des 16-17 ans disent aider leurs parents, alors qu’ils dépendent d’eux à 86% ! Kafkaïen ? Non, si on considère que la solidarité fonctionne dans les deux sens. Plus on est riche, moins on est débrouillard (70% des CSP A et B sont dépendants financièrement de leurs parents)Religion : de beaux jours pour l’intégrisme(C.F. L’Economiste du 24, 25 Janvier 2006)44% des jeunes pensent qu’Al Qaïda n’est pas une organisation terroriste. 38% ne savent quoi répondre. Les hommes sont plus radicaux que les femmes (50% contre 37%). Seulement 19% des jeunes hommes pensent qu’Al Qaïda est une organisation terroriste.Il semblerait que la politique américaine soit mise en cause. 76% des jeunes pensent que l’intervention en Irak est « inutile et négative ». Les jeunes voient donc en Al Qaïda une alternative aux américains, « un contre-pouvoir » selon l’expression de L’Economiste.Autre aspect du rigorisme montant : le voile. Une grande partie (49%) des jeunes sondés préfèreraient que leur femme soit voilée. 57% des jeunes âgés de 16 à 29 ans sont favorables au port du voile. Les « Hijab addicts » se recrutent le plus parmi les classes les plus défavorisées : 56% des CSP C et B contre 61% de la classe D. Selon l’avis du sociologue Jamal Khalil, publié dans un article de TelQuel du 28 janvier au 3 février : « Ces jeunes se sentiraient plus en confiance avec des femmes voilées. Il auront ainsi la garantie de quelque chose, que ces filles n’ont pas eu de relations sexuelles avant la mariage ». A propos du mariage, l’enquête révèle que 87% des hommes et 58% des femmes préfèreraient épouser une musulmane. Mais pour 67% des hommes, épouser une non marocaine ne pose pas de réel problème. Ça se corse si elle est non musulmane, car seulement 73% convoleraient en noces avec elle. Explications du sociologue Jamal Khalil : « Pour se donner bonne conscience, un passage protocolaire chez las adouls ne fait aucun mal »Moudouwana oblige, 79% des jeunes sont contre la polygamie, surtout les filles (88%). Mais sachez que 30% des jeunes hommes ne disent pas non à un ménage à plusieurs.Seuls ombre au tableau pour les ayatollahs qui voudraient endoctriner les jeunes, 78% des hommes croient en les jnouns (esprits) contre 54% des filles. Dans le même ordre d’idées, 67% des hommes croient au Shours (gris-gris) contre 52%¨des filles. Conclusion : les hommes sont plus superstitieux que les femmes.Plus on prend de l’âge et plus on est crédule à ce genre de choses. 74% des jeunes, soit 1 sur 4 âgés de 25 à 29 y croient et ceci toutes classes sociales confondues.Politique : La déshérence(C.F. L’Economiste du 27 janvier 2006)95% des jeunes ne s’identifient à aucune tendance politique. Pas même au Parti de la Justice et de Développement (P.J.D.). 68% disent « ne pas avoir confiance en la politique ».73% des jeunes pensent que nos parlementaires nous représentent mal. Les classes aisées sont plus sévères que les plus défavorisées 76% (A et B) contre 67% (D). Plus on est âgé, plus ce jugement est sévère.Résultat de la montée de l’intégrisme (voir plus haut), 32% des jeunes pensent que la religion doit guider les partis politiques. 37% pensent le contraire et 31% ne se décident pas. Selon l’analyse de L’Economiste, la partie de l’échantillon qui ne se prononce pas représentera la part à convaincre durant les prochaines batailles électorales.L’enquête Sunergia-L’Economiste a suscité pas mal de réactions de la part de la presse. L’AFP s’est intéressée aux relations sexuelles des jeunes et ce qu’ils pensent d’Al Qaïda. Le Journal islamiste proche du PJD Attajdid a carrément généralisé la préférence du port du voile à tous les marocains. Al Bayane, organe du Parti du Progrès et du socialisme (PPS) tire la sonnette d’alarme quant à la disponibilité des jeunes à être enrôlés par les « djihadistes » du Maroc. TelQuel, newsmag indépendant, a lui titré : « nos jeunes sont inquiétants »
ZC
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