8.4.06

A l'écoute des femmes violentées
( Article pour le compte du FNUAP (c) )
On a beau chercher dans un dictionnaire, le terme écoutante n’y figure pas. Pourtant, c’est le travail qu’accomplit chaque jour, du lundi au samedi matin, Nadia, à l’association Ennakhil pour la femme et l’enfant à Marrakech. Les locaux exigus de l’ONG accueillent chaque jour une dizaine de femmes victimes de violence. Quatre écoutantes sont chargées du premier contact et du soutien moral de ces femmes.Cela fait 5 ans que Nadia fait ce métier, c’est à dire depuis le commencement du projet. Au départ rien ne prédisposait cette jeune femme à ce métier, elle est licenciée en géologie, mais elle a fait le pari du social, et dit elle même « s’y retrouver ». Des psychologues l’ont formés aux techniques d’écoute. Elle a apprit à observer d’abord et ensuite à mettre en confiance les femmes qu’elle reçoit. C’est pourquoi les premières séances sont consacrées à la présentation de l’association et au réconfort des victimes. Passée cette étape, elle essaie au maximum de poser des questions ouvertes, c’est à dire qui permettent aux femmes de raconter librement leur vécu. La plupart du temps, il faut reformuler le discours des victimes encore sous le choc. Et des victimes, il en arrive de Marrakech et de toute la région environnante. Les femmes connaissent l’association grâce au bouche-à-oreille et parfois à travers la cellule sociale de l’hôpital Ibn Tofaïl où encore la cellule d’écoute de la police judiciaire. Les trois fonctionnent selon le principe des vases communicants, avec une spécificité pour chacun d’entre eux. L’hôpital reçoit systématiquement tous les cas de violence extrême, car nécessitant l’hospitalisation, La PJ reçoit les affaires aux stades avancés et Ennakhil, quant à elle, à une vocation plus sociale, elle accompagne psychologiquement et aide juridiquement les femmes qui l’a sollicitent. La plupart des cas sont des violences conjugales. « Quand le cas n’est pas grave, on essaie de réconcilier la femme et son mari, mais quand c’est plus grave, on oriente directement vers la PJ, si la femme le désire bien sûr» renchérit Nadia. Car les femmes refusent parfois de recourir à la justice, à cause de sa lenteur et pour que leurs enfants ne subissent pas les conséquences de ce genre de procédures. Le travail de l’écoutante s’apparente beaucoup à celui du psychologue. Réconforter les femmes qui arrivent est sa mission première. Certaines d’entre elles ne vont pas plus loin, mais au moins cela leur permet de trouver quelqu’un qui les écoute. «Écouter est très difficile, il faut une attention de tous les instants et beaucoup de patience » explique Nadia. Selon elle, la violence touche tous les milieux et toutes les catégories sociales », de plus, la majorité des femmes ignorent les avancés de la moudouwana. Et ne vous y trompez pas « Même les femmes qui ont fait des études supérieures, parfois même de droit ( !) ignorent la loi ». Mais la moudawana a permit au moins une chose, les femmes s’orientent plus volontiers à Ennakhil car elles savent désormais que quelque chose a changé, et que ce changement est positif. C’est le rôle de l’association de les sensibiliser sur le contenu. « La moudouwana n’est pas tombée du ciel, elle est le fruit du combat des associations féminines de tous le royaume ». Nadia est militante dans l’âme, elle se demande comment elle a pu se marier en ayant en tête ce topo peut reluisant des hommes marocains. Mais elle est confiante, sa famille la soutient à 100%. « Ma mère me dit toujours que tous les hommes ne sont pas pareils et que certaines fois, c’est la femme qui a tort ». « Mais rien n’y fait, je n’arrive pas à le concevoir ! ». Nadia a vu tellement d’atrocités qu’il lui arrive de ne pas dormir la nuit. Pour cela, elle et ses amis écoutantes bénéficient de séances avec des psychologues tous les trois mois, pour « tenir le coup ». « Une femme qui fait l’écoute, c’est comme l’infirmière qui reçoit chaque jour des malades graves ».
Le cas d’une jeune muette violée---------------------------------------
Une histoire a beaucoup marqué Nadia. Elle a tenu à nous la raconter. Les événements remontent à 3 ans et ont étés largement couverts par les journaux et 2M. Une jeune muette de 15 ans est victime d’un viol. Cela s’est passé au Douar Oulad Hassoun, proche de Marrakech. L’agresseur (36 ans) et la fille sont issus du village. Après qu’il ait accomplie son forfait, l’agresseur jette la pauvre fillette dans un puit et lui lance des cailloux. Le choc occasionné par la chute provoque de multiples fractures. L’adolescente est restée 7 jours dans le puit, ses gémissements ont fini par alerter la population. La fillette a été admise à l’hôpital Ibn Tofaïl de Marrakech dans un état critique. Les assistantes sociales ont ensuite alerté l’association Ennakhil qui a dépêché une écoutante sur les lieux. C’est la mère de la fillette qui a pu traduire à l’écoutante les gestes de la fille.
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ZC

1 commentaire:

Unknown a dit…

J'ai été trés touchée par la violence qu'a subie cette jeune meuette non que cerla diminue en quoi que se soit la violence subie par les autres femmes, mais le contexte en lui-meme (non seulement violée mais jettée dans un puits, y rester durant 7 jours et de surcroit muette et comme nous le savons tous, le gestuel n'est pas enseigné au Maroc surtout dasn cette region.
Au fait, l'agresseur a-t-il été arrêté, punit?
Bravo à cette organisation de femmes écoutantes ou (intervenantes)