8.4.06

Le jus de canne à sucre fait un tabac
(Article publié dans L'economiste du 19/09/2005)
· Une boisson très prisée dans la ville
· Le vendeur vante ses vertus thérapeutiques
A première vue, une crémerie comme une autre avec quelques clients en train de siroter un jus ou de boire du yaourt. Pourtant, le gérant, un Egyptien installé depuis peu à Marrakech, y vend un produit peu commun: du jus de canne à sucre. On l’appelle Saïd l’Egyptien. Il maîtrise très bien la «Darija» et paraît fier de son petit commerce. «Je n’ai pas à me plaindre, des gens de toutes les villes du Royaume viennent déguster ma spécialité». Saïd a même placardé une affiche qui vante les vertus thérapeutiques de son produit: «Produit énergétique, riche en vitamines, nettoie les intestins des impuretés, combat l’asthme et les maladies respiratoires, favorise la dissolution des calculs rénaux, etc.»Il se fait même super VRP pour son produit et prétend qu’il est cité par le prophète comme une plante aux multiples vertus. Mais il tempère ses propos en disant «enfin, c’est ce que les gens racontent». Si l’on peut douter de la véracité de ses propos, on ne peut qu’apprécier le goût légèrement acidulé du jus. Qui plus est un grand verre «d’élixir» ne coûte que 5 dirhams et souvent on n’a droit au précieux breuvage qu’après avoir retiré un ticket numéroté. La grosse machine qui broie la canne est importée d’Egypte. Selon Saïd, le jus de canne à sucre est un produit banal là-bas. «J’ai passé 3 ans à Meknès où je vendais le même produit avant de venir m’installer à Marrakech depuis à peine 2 ans. Al hamdou lillah, le commerce est florissant». Quant à la canne à sucre, il me confie qu’il la négocie aux fellahs locaux aux alentours de 300 à 400 dirhams la tonne. «Vous tombez mal!» s’exclame Saïd, «le gel a détruit une grande partie de la récolte, j’attends toujours un arrivage de cannes qui devrait être là au plus tard dans 10 jours». Lorsqu’on avait un bon stock, des files entières de clients attendaient leur tour. La réaction des consommateurs est un mélange de stupeur et de curiosité. Ils sont impressionnés à la vue du broyeur à canne à sucre. Les gens s’arrêtent souvent pour demander ce que c’est. Quand ils goûtent le jus, ils s’empressent d’en parler autour d’eux. C’est grâce au bouche-à-oreille que Saïd l’Egyptien a pu avoir pignon sur rue, loin de chez lui, au Maroc. En attendant la prochaine récolte, Saïd dispose à la place de la machine un présentoir de chips et une glacière de crème glacée.
ZC

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