14.11.06

Emploi & Carrière

Un institut pour crédibiliser le métier d’herboriste

(L'Economiste du 9/10/2006)

· A Taounate sur un terrain de plus de 30 hectares

· La structure accompagne des porteurs de projets

LE secteur des plantes aromatiques et médicinales (PAM) connaît un vide juridique au Maroc. Les herboristes, petits et grands, sont dans l’illégalité totale. «Il n’y a aucune réglementation qui régit l’activité. A l’heure actuelle, il n’y a pas de différence entre un vendeur d’herbe qui officie à côté des mosquées et un herboriste qui dispose d’un magasin et d’une exploitation agricole», s’insurge Aboubakr el Asri, coordinateur de la filière des plantes aromatiques et médicinales (PAM) au sein de l’Agence américaine pour le développement (USAID).
Pour trouver une solution à ce problème, il est nécessaire de crédibiliser le métier d’herboriste. Cela passe nécessairement par la formation. C’est dans ce dessein, et celui plus général de promouvoir et valoriser le secteur des PAM au Maroc, qu’a été créé l’Institut national des plantes médicinales et aromatiques (INPMA) en 2002. L’INPMA se situe à Taounate, dans une zone traditionnellement riche en plantes médicinales. Il est financé par le ministère de l’Education nationale en partenariat avec le Conseil provincial de la région. Son budget est de 54,2 millions de dirhams. L’institut ne fait pas de formation initiale. Il s’agit principalement de former les herboristes déjà en exercice. La formation diplomate ne démarrera qu’en 2007. Elle s’étalera sur une durée de 2 ans et concerne plusieurs métiers: l’herboristerie, mais aussi la cosmétologie, la parfumerie, la phytothérapie, etc. Les frais d’études varient suivant la filière, d’après Mohammed Hmamouchi, directeur, ils seront compris entre 5.000 et 15.000 dirhams. Les professionnels déjà en exercice et les personnes ayant reçu une formation de biologie où d’agronomie pourront bénéficier de cette formation unique au Maroc. Des séminaires, des conférences et des rencontres vont régulièrement réunir tous les intervenants: herboristes, chercheurs, industriels, etc. Les cycles d’études sont d’ores et déjà entamés, il y a quelques jours, un premier séminaire réunissant des herboristes a eu lieu (1).
L’INPMA se donne aussi pour mission d’accompagner les jeunes investisseurs dans ce secteur durant toute la phase de création de leur projet. Ils seront hébergés à l’institut qui mettra à leur disposition un bureau et le matériel nécessaire. Une équipe se charge de faire une étude de faisabilité, le montage financier et la préparation du dossier pour la création de la PME-PMI. La possibilité de crédit est ouverte, grâce notamment à un partenariat avec le Crédit Agricole.
Pour remplir ses objectifs, l’Inpma s’est doté de partenaires nationaux et internationaux. L’Usaid, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), etc. En plus de partenariats avec la France, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, la Hollande, Chypre, l’Egypte, l’Algérie et la Tunisie.
Les partenaires nationaux sont les banques (Crédit Agricole), des associations et les institutions publiques (Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, Institut agronomique et vétérinaire, Ecole forestière, etc.). Il faut noter que l’un des objectifs de l’INPMA est de coordonner l’activité des différents intervenants dans le secteur. Un audit effectué par l’UE en 2004 à la demande du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche relève que les institutions marocaines travaillent sans aucune coordination. «Plusieurs institutions travaillent sur les mêmes thématiques sans aucune concertation, même à l’intérieur d’une institution», dixit le rapport. Pour remplir toutes ces missions, l’institut a les moyens de ses ambitions: une ferme de 25 hectares, dont quatre sont réservés à une pépinière, et un jardin expérimental de sept hectares. Les zones construites s’étalent sur 3.500 m2 et comprennent des logements pour les stagiaires, un hall technologique qui sert à la transformation du produit cultivé et une droguerie. Vingt-huit personnes travaillent à l’INPMA, dont vingt permanents. L’équipe est constituée d’ingénieurs, d’économistes, de juristes et d’ouvriers.

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Séminaires les trois prochains mois


L’INPMA organise avec ses partenaires français et espagnols trois séminaires. Ces journées d’étude s’adressent aux industriels, aux agriculteurs, aux associations professionnelles et aux décideurs dans le secteur des plantes aromatiques et médicinales (PAM).
Le premier séminaire se déroule du 2 au 6 octobre 2006 et porte sur les techniques et stratégies de vulgarisation des PAM. Les 16 et 17 novembre, un deuxième séminaire placé cette fois-ci sous le thème «Culture et qualité des plantes aromatiques et médicinales» sera organisé. En dernier lieu, les 14 et 15 décembre à Rabat, les professionnels discuteront de l’élaboration de la stratégie nationale de la filière des PAM.

Zakaria CHOUKRALLAH
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(1) Le 28 septembre 2006, les herboristes ont profité d’une formation en partenariat avec le Crédit Agricole et le projet Ap3 de l’Usaid sur le thème de «la communication dans le secteur des PAM».

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