26.9.06

Les nouveaux trains sont là

(L'Economiste du 21/09/2006)

· Les rames à deux étages présentées pour la première fois

· Une commande de 2 milliards de DH

Ils se sont fait attendre, les nouveaux trains qui arrivent d’Italie. Initialement prévue en juin 2006, la première livraison ne s’est faite qu’en août. L’arrivée de la deuxième rame est prévue en octobre et le reste devra suivre à la cadence de deux rames par mois.
A terme, c’est vingt-quatre rames qui seront livrées. Elles auront coûté 2 milliards de dirhams et constituent une augmentation de la flotte de l’ordre de 35%, selon Rabie Khlie, DG de l’office. La mise en circulation aura lieu à partir de décembre, et concernera d’abord l’axe Casa-Rabat. Ce sera ensuite le tour de la ligne Casa-Fès.
Calqués sur des modèles déjà en circulation en Italie, ces trains offrent un confort semblable à ce qu’on pourrait trouver en Europe, selon les dires d’un responsable de l’ONCF.
Pour le visiteur, la première chose qui frappe est la meilleure gestion de l’espace. Exit les couloirs exigus de l’ancien modèle, et place à un intérieur mieux géré, malgré la présence de deux étages superposés, à la manière des bus londoniens. Une idée pas si saugrenue, car cela permet de transporter plus de passagers sans devoir augmenter la longueur des trains.
Sentiment de liberté aussi à côté des portes coulissantes plus grandes, ce qui évite les bousculades.
Autre nouveauté, l’accès facilité aux personnes en chaise roulante. En attendant que d’autres modes de transport public suivent. A la demande du contrôleur, une plaque coulissante est déployée pour leur faciliter l’accès au train.
«Les premières classes se trouvent en tête du train», ce sera toujours le cas pour ces nouvelles rames. Au nombre de cinquante, les sièges des premières classes ressemblent à ceux des avions. Réglables et dotés d’un coussin repose-tête, ils sont assez espacés et munis d’accoudoirs. Le deuxième étage offre «une vue panoramique» sur la route. Une buvette sépare les premières classes des deuxièmes. On y sert des boissons fraîches et chaudes ainsi que des sandwichs. La buvette occupe presque un demi-wagon. Fini donc les chariots encombrants des modèles actuels. Mais quid des employés qui poussent ces chariots? L’ONCF sous-traitant cette opération à une entreprise privée, on ne fera plus appel à eux, forcément.
Naturellement, les sièges des deuxièmes classes sont moins confortables que ceux des premières. Mais restent de meilleure qualité que ceux des anciens modèles. Assez larges et dotés d’un repose-tête en matière synthétique lavable, le tissu des sièges est plus agréable et reposant.
Si on reproche aux modèles actuels de trains leur saleté, notamment au niveau des sanitaires, les nouveaux modèles sont plus propres. Les toilettes ne donnent plus sur la voie. Il était temps d’en finir avec les odeurs nauséabondes et les rejets qui polluent les rails. Les nouvelles toilettes sont, à l’image de ce que l’on trouve dans les avions, munies d’un réservoir pour les déchets. La couleur blanche de ces toilettes tranche avec le gris orange des anciens modèles. Une couleur certes plus agréable mais aussi plus salissante.
Autre point noir qui va disparaître: les annonces sonores parfois inaudibles dans les trains. Selon les responsables de l’ONCF, ce problème sera réglé grâce à des messages digitalisés de grande qualité. De plus, l’affichage à l’intérieur des trains fait son entrée.
L’ONCF garantit que les trains seront plus sûrs. La conduite sera assurée par deux personnes au lieu d’une seule. Ils travailleront de surcroît sur un tableau de bord plus ergonomique. Les boutons sont disposés de manière à répondre promptement aux urgences. Mieux, la présence d’écrans graphiques facilite la tâche aux conducteurs. «Quand un voyageur tire la sonnette d’alarme par exemple, on saura facilement d’où elle a été actionnée. Sur les anciens modèles, il faut se déplacer, ce qui occasionne des retards», assure un employé de l’ONCF. Quid des retards justement? Si le directeur de l’ONCF assure que neuf trains sur dix arrivent à l’heure, beaucoup de voyageurs continuent de se plaindre. Ces retards, selon Hyatt Boudhane, chargée de communication à l’ONCF, peuvent être provoqués par de nombreuses choses: des actes malveillants, jets de pierres sur les trains par exemple, par des voyageurs qui actionnent l’alarme sans raison valable, par des pannes électriques, etc. Les nouveaux trains évitent au moins un écueil: ils sont pourvus de deux moteurs. L’analogie avec les réacteurs des avions n’est pas loin. A l’instar des avions, si un moteur tombe en panne, l’autre prend le relais. Plus besoin d’attendre qu’il soit réparé.
Ces trains offriront donc de nombreux services supplémentaires. Maintenant le confort a un coût. Reste à savoir si le client va en supporter une partie sur le prix du billet. Aucune information n’a filtré pour l’instant, les responsables restent évasifs sur ce sujet.

Satisfaits… Ou satisfaits!


EN marge de la visite des nouvelles rames, l’ONCF a présenté les résultats de l’enquête de satisfaction du premier semestre 2006. Tenez vous bien: 72%, des usagers sont globalement satisfaits des services de l’ONCF. Soit 2% de plus qu’en 2005. Il faut nuancer cependant. C’est essentiellement le personnel commercial à bord (89% de satisfaits), la propreté et le sentiment de sécurité dans les gares, respectivement 76% et 79%, qui tirent ces chiffres vers le haut. Des «points perfectibles», selon l’aveu même de l’ONCF, attendent toujours. Par exemple, la restauration, la sur-occupation en période d’affluence, la propreté, le confort dans les trains (tous deux enregistrant 44% d’insatisfaits) et le nombre de départs de trains jugé insuffisant par 41% des voyageurs sont les principaux points noirs à corriger, selon cette enquête.

Zakaria CHOUKRALLAH

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