Plantes aromatiques: Filière cherche mise à niveau
(Article publié dans L'Economiste le 2/1/2007)
· Les opérateurs appellent à la création d’un « label Maroc »
· D’autres priorités: élaborer une base de données sur les plantes
· Et améliorer la qualité du produit et de l’emballage
«Ce projet aurait dû s’appeler «Ac3»: Coordination, collaboration et communication», s’amuse à dire Patrick Papania, chargé du projet AP3 -partenariats agricoles pour la productivité et la prospérité - au sein de l’Agence américaine pour le développement (USAID), lors de la première journée nationale de réflexion sur les plantes aromatiques et médicinales (PAM), le mardi 19 décembre à Rabat. Cette réflexion n’est pas anodine, tant les opérateurs du secteur se plaignent du manque de coordination et de communication dans la filière. Pallier le déficit de communication est la mission première de ce projet : « L’Usaid n’est pas là uniquement pour assister financièrement. Sa vocation première est de réunir tous les collaborateurs autour d’une seule table», estime PAPANIA. Ainsi, industriels, producteurs, herboristes, chercheurs et responsables des ministères de la Santé, de l’Enseignement et du Haut commissariat au Plan ont répondu à l’appel de l’Usaid pour élaborer ensemble une stratégie de valorisation des PAM. « Il devient urgent de faire face à la concurrence des autres pays exportateurs, comme la Tunisie », s’accordent à dire les professionnels qui ont pris part aux trois ateliers (« Information/Investissement/Commercialisation », «Préservation des ressources » et « Certification et organisation de la filière»).
· Investissement et commercialisation
La commercialisation et l’investissement ont sucité beaucoup de débat. Au Maroc, tout reste à faire, à commencer par une base de donnés complète comprenant la cartographie et l’inventaire des espèces existentes. Mais attention, ces informations stratégiques ne seront pas gratuites, seuls les investisseurs marocains membres de cette future structure pourront en profiter, moyennant une contribution. « C’est ce qui se fait aux Etats Unis et en Europe », explique Karim Belkheir, de la plantation Four Season. La société « Les Arômes du Maroc » a même eu recours à un cabinet étranger pour réaliser une étude. Pourtant, Boubker Latrach, directeur général de cette société, tempère : « Il est vrai qu’un état des lieux, notamment au niveau des quantités s’impose. Mais il faudrait déjà rassembler dans une même base de données les informations existantes ». Là encore, le manque de coordination dans la filière est pointé du doigt. Autre recommandation de l’atelier : «étudier les conditions de domestication des plantes aromatiques et médicinales, et particulièrement celles menacées où à forte valeur ajoutée ». Si les détracteurs de la domestication avancent l’argument du stress hydrique, les opportunités d’affaire sont là. « Les Arômes du Maroc» ont été les premiers à introduire cette technique. Aujourd’hui, ils ont réussi à implanter deux nouvelles espèces: la «Rose Centifola» et «l’Iris Palida». Des variétés qui poussent normalement en Europe. Le reste des recommandations de cet atelier sont « l’encouragement des études de faisabilité» et «l’orientation des investisseurs sur les produits à forte valeur ajoutée», mais aussi «l’étude des conditions de «préservation, de conservation et de valorisation des PAM». Au niveau de la commercialisation, le point d’orgue a été l’appel à la création de normes nationales alignées avec les normes étrangères. Et ce, pour arriver à élaborer un « label qualité Maroc». Pour cela, il faut améliorer la qualité des produits et leur conditionnement. En effet, la plupart des industriels sont contraints d’importer les emballages, faute d’infrastructures. L’atelier a également appellé à instituer une mercuriale des prix, afin de tenir informés l’ensemble des intervenants. Par ailleurs, parmi les recommandations, figure la juste rémunération de la matière première. Il faut signaler que les populations qui font la cueillette sont la majorité du temps sous-payés (ndlr : 30 centimes le kilo, cf. www.leconomiste.com).
· Comité ad-hoc
L’aspect financement et incitation économique a été évoqué, l’atelier recommande la mise en place d’une ligne de financement pour encourager l’investissement. « A l’heure actuelle, on ne connaît pas les détails, confie une source au Haut Commissariat aux Eaux et Forêts, mais il est probable que ce soit sous forme de crédits bancaires ». Précisons que ces recommandations sont encore à l’état de projet, et qu’un comité ad-hoc sera chargé de les concrétiser. Pour ce faire, l’atelier a recommandé que le Haut Commissariat aux Eaux et Forêt et à la Lutte contre la Désertification (HCEFLCD) prenne cette initiative. Les associations professionnelles, à commencer par la Société Marocaine des Plantes Aromatiques et Médicinales (SOMAPAM), les représentants des pouvoirs publics et les organisations internationales (FAO, OMS, etc.) feront partie de ce comité. La première journée nationale de valorisation des PAM a eu ce mérite : réunir tous les intervenants du secteur autour d’une même table. « Au moins maintenant, nous avons des théoriciens », confie un industriel présent lors de cette journée. Reste à savoir combien de temps sépare la théorie de la pratique.
Zakaria CHOUKRALLAH
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